Les tensions s'intensifient entre Israël et le Liban : Beyrouth ordonne à l'armée de « faire face » à l'incursion armée israélienne contre des cibles présumées du Hezbollah.

Le président libanais Joseph Aoun a ordonné jeudi à l'armée de faire face aux incursions des troupes israéliennes dans le sud du Liban, après qu'une force soit entrée tôt ce matin dans la ville frontalière de Blida et ait tué un employé municipal à l'intérieur de la mairie.
 « Aoun a donné instruction au commandant de l'armée, le général Rodolphe Haykal, de veiller à ce que l'armée libanaise fasse face à toute incursion israélienne dans les territoires du sud libérés, pour défendre le territoire libanais et la sécurité de ses citoyens », a déclaré la présidence dans un communiqué.
 L'armée israélienne a confirmé le raid mené par ses troupes sur le village de Blida, où elle a abattu un « suspect » à l'intérieur d'un bâtiment qui, selon elle, avait été utilisé par la milice chiite Hezbollah.
 « Après avoir identifié une menace immédiate, des tirs ont été ouverts pour la neutraliser, et un impact a été confirmé. Les détails de l'incident font l'objet d'une enquête », a déclaré aujourd'hui un porte-parole de l'armée dans un communiqué concernant l'opération. 

De la fumée s'élève au-dessus de la ville d'Ej Jarmaq, dans le sud du Liban. Photo : AFP
 Selon le texte militaire, le bâtiment – identifié comme l’hôtel de ville de Blida par l’agence d’État libanaise – avait récemment été utilisé pour des activités du Hezbollah « sous couvert d’infrastructure civile ».
 Les soldats, appuyés par plusieurs véhicules militaires, sont entrés dans la zone et y sont restés pendant plus de deux heures, selon l'Agence nationale de presse libanaise (NNA).
 À ce moment-là, ils sont entrés dans l'hôtel de ville et ont tué un employé municipal identifié comme Ibrahim Salama, tandis que « des voisins ont rapporté avoir entendu des cris et des appels à l'aide provenant de l'intérieur du bâtiment », selon les médias d'État.
 Par ailleurs, une série de bombardements israéliens ont touché ce matin les zones méridionales de Mahmoudiya et d'Al Jarmaq, où au moins deux séries d'attaques ont été enregistrées en l'espace de moins de vingt minutes, selon l'Agence nationale de presse libanaise (NNA).
 De son côté, l'armée israélienne a déclaré dans un communiqué de presse que ses avions de chasse avaient ciblé des infrastructures appartenant au Hezbollah, notamment l'entrée d'un tunnel et un site de lancement. 

Joseph Aoun, président du Liban. Photo : EFE
 « La présence d'infrastructures dans la région constitue une violation de l'accord entre Israël et le Liban. Les Forces de défense israéliennes poursuivront leurs opérations afin d'éliminer toute menace contre l'État d'Israël », indique le communiqué.
 Ce bilan porte à 15 le nombre de morts imputables aux troupes israéliennes au cours de la semaine écoulée, ce qui coïncide avec une intensification de leurs attaques contre le sud et l'est du Liban, ainsi qu'avec des vols de drones dans des zones sensibles comme la capitale.
 À cet égard, le chef d'État libanais a critiqué le fait que l'attaque ait eu lieu quelques heures seulement après que le Sud-Liban ait accueilli une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qu'il a une fois de plus exhorté à faire pression sur Israël pour qu'il respecte les stipulations de l'accord.
 Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a dénoncé le meurtre d'un travailleur dans l'exercice de ses fonctions comme une attaque « contre les institutions de l'État » et s'est engagé à continuer de faire pression sur les pays garants du cessez-le-feu pour qu'ils prennent des mesures. 

De la fumée s'élève au-dessus de la ville d'Ej Jarmaq, dans le sud du Liban. Photo : AFP
 Dans cette optique, l'armée libanaise a également condamné l'action, la considérant comme un « acte criminel, une violation flagrante de la souveraineté libanaise et une violation du cessez-le-feu », et a par conséquent appelé à l'intervention du mécanisme de surveillance pour mettre fin à ce type d'attaque.
 Israël continue de bombarder le Liban presque quotidiennement malgré le cessez-le-feu de novembre dernier et maintient toujours ses troupes en cinq points du sud du Liban, bien que des sources locales aient fait état de l'établissement de trois nouvelles positions.
 Depuis l'entrée en vigueur de la cessation des hostilités, les troupes israéliennes ont également mené plusieurs raids sur des villages frontaliers, faisant parfois exploser des bâtiments ou des infrastructures.
 L'opération est intervenue dans un contexte d'intensification des bombardements contre des cibles présumées du groupe chiite Hezbollah, tant dans le sud que dans l'est du Liban, et quelques heures seulement après une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.
eltiempo




