«Il ne se rend pas compte que la colonisation, c’est fini» : la gauche critique l’activisme diplomatique de Retailleau
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Éric Coquerel (LFI) et Fabien Roussel (PCF) reprochent au ministre de l’Intérieur de sortir de son rôle en s’attaquant à l’Algérie.
Passer la publicitéLe portefeuille ministériel de Bruno Retailleau s’élargit. En plus d’être ministre de l’Intérieur, il serait également ministre des Affaires étrangères, à en croire plusieurs élus de gauche. «Monsieur Retailleau ne se rend pas compte que la colonisation, c’est fini. Ce n’est plus le ministre de l’Intérieur français qui gère les relations avec l’Algérie», s’est indigné Éric Coquerel sur BFMTV, qui accuse le premier flic de France d’être dans un «rapport de matamore (...) avec une espèce de fond raciste».
Le député Insoumis de Seine-Saint-Denis reproche au gouvernement de commettre une «bêtise rare» et une «faute historique», après que des restrictions d’accès ont été mises en place contre des dignitaires algériens. «Est-ce qu’on pense à nos six millions de concitoyens qui, d’une manière ou d’une autre, ont une filiation avec l’Algérie ?», interroge le président de la commission des finances, déplorant une méthode «hallucinante».
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Alors que le Quai d’Orsay propose des restrictions de délivrance de visas à l’échelle européenne, Éric Coquerel estime d’emblée que «cela ne servira à rien». «La question n’est pas de punir le peuple algérien, c’est de se faire respecter dans nos relations avec l’Algérie. C’est une question de relations diplomatiques», souligne Fabien Roussel. Au micro de Sud Radio, le leader des communistes a appelé Bruno Retailleau à «laisser faire» le président de la République et le ministre des Affaires étrangères. «C’est à la diplomatie française de se mettre au travail», abonde Éric Coquerel.
Les deux élus de gauche ont également pointé du doigt le rôle joué par la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental dans la dégradation des relations franco-algériennes. «L’Algérie l’a vécu comme une trahison et un coup de poignard», relève Fabien Roussel, alors que les indépendantistes sahraouis du Front Polisario sont activement soutenus par l’Algérie. «Ce sont des choses qui, pour Alger, sont vécues comme une provocation», considère Éric Coquerel. Si les Insoumis accèdent au pouvoir, leur premier voyage diplomatique sera en Algérie.
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