Dans la tourmente, le ministre fédéral de la Sécurité publique lance le programme de rachat d’armes à feu

OTTAWA | Plongé dans la tourmente et faisant face à des appels à sa démission, le ministre fédéral de la Sécurité publique a lancé le premier volet du programme de rachat d’armes à feu.
Ce programme sur lequel Ottawa travaille depuis des années débutera dès aujourd’hui à Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, par une période de six semaines et permettra de collecter environ 200 armes à feu de style «arme d’assaut» entre les mains de citoyens.
«Nous voulons être sûrs que tout fonctionne correctement avant d’ouvrir le programme à l’échelle nationale à la fin de l’automne», a déclaré le ministre Gary Anandasangaree en point de presse, mardi.
Une fuite embarrassanteCette annonce en grande pompe a été assombrie par la publication sur les réseaux sociaux d’un enregistrement du ministre discutant avec un de ses locataires, un propriétaire d’armes à feu frustré, selon le Toronto Star.
Enregistré à son insu dimanche matin, M. Anandasangaree dit des choses embarrassantes sur le programme qu’il se préparait à dévoiler au grand public deux jours plus tard, allant jusqu’à contester sa pertinence et son utilité.
Il a dit que le gouvernement de Mark Carney avait décidé de le garder dans le programme pour plaire au Québec et remet en question sa pertinence.
«Le Québec est dans une situation différente des autres régions du Canada, non? Et c’est quelque chose qui est très, très, très important pour de nombreux électeurs québécois qui ont voté pour nous», a prononcé le ministre, ajoutant qu’il s’y serait pris différemment s’il pouvait recommencer à zéro.
M. Anandasangaree avance que le gouvernement Carney a songé à renoncer au programme de rachat dans le contexte du virage au centre amorcé après le départ de Justin Trudeau, mais qu’il s’agissait d’une promesse à laquelle il fallait tenir.
En outre, le ministre a dit à son locataire qu’il serait prêt à lui rembourser la différence entre le coût d’achat de son arme et l’argent que lui verserait Ottawa en vertu du programme.
Des appels à sa démissionLes questions ont fusé de toutes parts lors du point de presse accordé par le ministre au foyer du parlement, mardi.
«J’ai une confiance absolue en ce programme», a-t-il martelé. Il a dit que certaines déclarations étaient prises hors contexte et les a qualifiées de «mauvaises tentatives à faire de l’humour».
Nathalie Provost, secrétaire d’État du gouvernement libéral, survivante de la tuerie de Polytechnique et militante pour le contrôle des armes, s’est portée à la défense de son collègue.
Les choses ne se sont pas arrangées pendant la période de questions: les conservateurs ont pilonné le ministre et réclamé sa démission.
«Lundi, un ministre dit que son programme ne va pas fonctionner [...]. Mardi, il annonce qu’il va aller de l’avant avec ce programme. [...] Quand le premier ministre va-t-il congédier ce ministre?» a lancé Pierre Poilievre.
Depuis sa mise sur pied en 2020, le gouvernement fédéral a alloué une enveloppe de 742 millions$ au programme de rachat. En 2021, le directeur parlementaire du budget estimait que le coût total entre 2020 et la fin de son déploiement pourrait atteindre 750 millions$.
LE Journal de Montreal