Santé : le manque de maternité, une question de vie ou de mort

Le démantèlement continu de l’obstétrique n’a cessé d’éloigner les femmes des maternités. Pour lutter contre ses effets, du sentiment de relégation à la hausse de la mortalité infantile, une proposition de loi défendant un moratoire contre la fermeture des petits établissements doit être examinée ce jeudi à l’Assemblée nationale.
Les maternités s’effacent et la dignité de leurs territoires avec. En cinquante ans, la France a perdu les trois quarts de ces établissements. Des fermetures dans un premier temps justifiées, des années 1970 à la fin de la décennie 1990, avec l’obtention de résultats incontestables sur les conditions de sécurité entourant les accouchements. Puis, dans un second temps, à partir du début des années 2000, elles se sont poursuivies de façon incontrôlée.
Sans réflexion sur le maillage territorial, avec pour seul cap une logique de seuil sous lequel une maternité doit fermer (300 accouchements par an), l’hémorragie a créé des déserts obstétriques, éloigné massivement les femmes des établissements de service public, et installé, dans les territoires concernés par les fermetures, un immense sentiment de déclassement.
« Quand une maternité disparaît, un territoire se prépare à mourir, observe Patrice Joly, sénateur PS de la Nièvre, où la dernière maternité est en tension. Quand on ne permet plus de naître sur un territoire, c’est qu’on ne croit plus en lui, en ses habitants, comme en son potentiel économique local. L’accouchement, ce n’est pas qu’un acte médical, c’est aussi politique, social et économique. »
Pourtant, la saignée pourrait...
L'Humanité