Réforme de la rémunération des médecins: les omnipraticiens boycotteront aussi l’enseignement

La pression s’accentue sur Québec. Après les spécialistes, les médecins de famille ont voté mardi pour suspendre l’enseignement dans les facultés de médecine, dans l’espoir de faire reculer le gouvernement sur sa réforme de leur rémunération.
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Réunis lors d’une assemblée virtuelle, les membres de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ont appuyé à 91% la suspension de l’enseignement auprès des étudiants en médecine, à compter du 1er octobre prochain.
«Les médecins ont donné l’indication, le signal clair qu’ils voulaient intensifier les moyens de pression», a déclaré le président de la FMOQ, Marc-André Amyot, sur les ondes de LCN.
La mesure affectera l’ensemble des quelque 5000 étudiants inscrits à des cours universitaires et des stages cliniques.
Depuis une semaine, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) applique une mesure similaire, en refusant de donner des cours aux étudiants prégradués.
Ce boycottage des spécialistes met à risque la diplomation d’un millier d’étudiants dès maintenant, affirmaient les recteurs des universités québécoises offrant les cours de médecine, dans une lettre acheminée au gouvernement la semaine dernière. Pour le moment, les médecins résidents ne sont pas touchés par la mesure.
Réforme de la rémunérationLes deux fédérations médicales cherchent à faire reculer le gouvernement Legault sur sa réforme visant à lier un pourcentage de leur rémunération à l’atteinte de cibles de performance.
Celles-ci incluent l’objectif de réaliser 97% des opérations chirurgicales dans un délai de 12 mois, pour la première année, et d’offrir 18 millions de plages de rendez-vous annuellement pour les omnipraticiens.
Québec dénonce
Le cabinet du ministre Dubé a promptement dénoncé cette nouvelle escalade des moyens de pression de la FMOQ, jusqu’ici limités au refus de siéger sur les réunions médico-administratives.
«Suspendre l’enseignement des milliers de futurs médecins est grave, pour la relève et pour les patients», affirme l’attachée de presse de Christian Dubé.
«Nous faisons notre bout de chemin pour trouver une voie de passage, mais les fédérations médicales doivent aussi faire le leur et revenir aux tables en mode constructif», ajoute-t-elle.
Nouvelle offreMardi après-midi, tout juste avant l’annonce de la FMOQ, le gouvernement Legault a d’ailleurs officiellement dévoilé sa nouvelle offre aux deux fédérations médicales, comme promis la semaine dernière.
Essentiellement, la part de la rémunération liée à des indicateurs de performance passe de 25% à 15%.
D’autres aménagements sont aussi prévus afin de réduire l’impact du projet de loi 106 sur les médecins âgés de plus de 65 ans, de même que pour certaines régions éloignées.
Appui des étudiantsMais les deux fédérations médicales ont des alliés dans leur combat.
En matinée, la Fédération médicale étudiante du Québec et la Fédération des médecins résidents du Québec se sont jointes à la FMSQ et à la FMOQ, et «ont convenu d’une seule voix de demander le retrait pur et simple du projet de loi 106».
Avec leurs futurs collègues, les étudiants en médecine ont dénoncé la volonté du gouvernement de «modifier unilatéralement les conditions d’exercice des médecins et [...] de créer de toutes pièces un régime de négociation à part».
Dimanche dernier, sur le plateau de Tout le monde en parle, le premier ministre François Legault s’est, pour sa part, dit prêt à imposer une «loi spéciale» pour faire adopter la modification.
LE Journal de Montreal