Poilievre critique vivement Carney au sujet du déficit budgétaire et des dépenses publiques dans un discours sur le libre marché.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a raillé le premier ministre Mark Carney vendredi au sujet de l'ampleur du déficit fédéral, dans un discours critiquant le budget libéral déposé le 4 novembre.
Poilievre a prononcé son discours devant un parterre d'hommes d'affaires au Club économique du Canada, à quelques rues du Club canadien de Toronto, où Carney exposait au même moment la vision de son budget fédéral .
Le discours de Poilievre, qui reprenait certaines propositions de la campagne électorale conservatrice du printemps, défendait en grande partie une éthique du libre marché.
« Ce qui nous différencie vraiment, nous, les libéraux de Carney et les conservateurs de Poilievre, c’est ceci : ils croient qu’il faut ajouter de nouveaux obstacles pour vous tous, puis vous demander d’aller leur demander une aide financière pour vous aider à surmonter ces mêmes obstacles », a-t-il déclaré.
« Alors qu’en réalité, nous ne devrions rien faire de tout cela. Nous devrions nous écarter du chemin et vous laisser tranquille. »
Le chef de l'opposition officielle a fustigé les prévisions budgétaires faisant état d'un déficit de 78,3 milliards de dollars pour cette année, le qualifiant de plus important jamais imposé aux contribuables canadiens.
Les libéraux ont présenté mardi leur budget comme un plan visant à réduire les dépenses et à accroître les investissements face aux tarifs douaniers américains. Tenant compte des objectifs de réduction des coûts d'Ottawa, le budget propose près de 90 milliards de dollars de nouvelles dépenses sur cinq ans, principalement consacrées à la création d'infrastructures.
Poilievre a critiqué l'approche de Carney en matière de dette.
« Si cela se produit, ce seront les cinq années les plus coûteuses de toute l’histoire du Canada. Et il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas dû à la baisse des recettes engendrée par la guerre commerciale, mais à l’augmentation des dépenses publiques », a-t-il déclaré.
L’agence de notation Fitch a publié jeudi une nouvelle évaluation en réponse au budget 2025. Tout en maintenant sa note AA+ pour le Canada, l’agence a également souligné les risques liés à ce nouveau plan de dépenses.
« Bien que la cote de crédit du Canada demeure globalement stable, l’expansion budgétaire persistante et l’augmentation du fardeau de la dette ont affaibli son profil de crédit et pourraient accroître la pression sur sa cote à moyen terme », a déclaré l’agence.

« Cette situation pourrait être aggravée par une sous-performance économique persistante causée par les risques tarifaires et les défis structurels, notamment la faible productivité. »
Interrogé vendredi sur l'évolution du déficit canadien, Carney a indiqué que le ratio dette/PIB du Canada demeurait stable sur l'horizon de planification et que la cote de crédit du pays – toujours AAA auprès d'agences comme Moody's et S&P – restait parmi les meilleures des grandes économies mondiales.
Il a reconnu qu'il existe un risque que l'économie « ne croisse pas assez vite » et que les niveaux de productivité, actuellement en berne, ne remontent pas, ce qui aggraverait la situation de la dette du Canada.
« Une restructuration assez importante de l'économie est nécessaire en raison des changements survenus dans le monde. La solution réside dans l'investissement », a déclaré Carney. « Notre déficit budgétaire actuel est uniquement dû aux investissements. »
Poilievre a déclaré que Carney créait de nouvelles bureaucraties pour gérer des domaines essentiels comme la construction de logements et a soutenu que cette approche ne faisait qu'ajouter des obstacles pour les promoteurs qui souhaitent construire.
Il a déclaré que la construction de logements devrait être exonérée de taxes et que la proposition fédérale visant à supprimer la taxe de vente sur certaines constructions neuves pour les primo-accédants ne va pas assez loin.
Poilievre affirme que les conservateurs « ne peuvent pas appuyer » le budget 2025 et promet de présenter un amendement.


