Le gouvernement libéral autorise Postes Canada à mettre fin à la livraison à domicile et à fermer certains bureaux de poste

Alors que Postes Canada est en voie de perdre 1,5 milliard de dollars en 2025 et que les discussions contractuelles entre le syndicat et la société sont au point mort, le gouvernement fédéral se lance dans un plan de modernisation qui, selon lui, permettra à Postes Canada de stabiliser ses finances et d'assurer sa survie.
« En fin de compte, Postes Canada est effectivement insolvable », a déclaré le ministre de la Transformation du gouvernement, Joël Lightbound, dans un communiqué publié jeudi.
Il fournit un service essentiel aux Canadiens, en particulier aux communautés rurales, éloignées et autochtones. Les Canadiens y sont à juste titre attachés et souhaitent le préserver. Cependant, les renflouements répétés du gouvernement fédéral ne constituent pas la solution.

Parmi ces changements figure notamment la possibilité pour Postes Canada de mettre fin à la livraison à domicile et de convertir les quatre millions d'adresses restantes qui la reçoivent encore en boîtes postales communautaires. Lightbound a indiqué que le processus prendrait environ neuf ans, la majeure partie devant être achevée au cours des quatre premiers.
Les trois quarts des Canadiens reçoivent déjà leur courrier dans des boîtes aux lettres communautaires, a déclaré un représentant du gouvernement lors d'une séance d'information jeudi, et le transfert des Canadiens restants vers le système communautaire permettra à la société d'économiser 400 millions de dollars par an, selon un communiqué du gouvernement.
Bien que les livraisons à domicile puissent être progressivement supprimées, le programme d'aménagement de livraison de la société, qui permet aux personnes à mobilité réduite d'organiser une livraison hebdomadaire à domicile ou d'autres options d'accessibilité, restera en vigueur, a déclaré le responsable du gouvernement.
Lightbound a déclaré que Postes Canada sera désormais en mesure d'ajuster sa façon de livrer le courrier, de sorte que le courrier non urgent puisse être acheminé par voie terrestre plutôt que par voie aérienne, ce qui représente une économie de 20 millions de dollars par an.
Le plan de modernisation comprend également la levée du moratoire de 1994 sur la fermeture des bureaux de poste ruraux, qui couvre près de 4 000 localités, dont beaucoup, selon le gouvernement, étaient autrefois rurales et sont depuis devenues des bureaux de poste urbains.
Le représentant du gouvernement a expliqué que la levée de ce moratoire vise à réduire le nombre de bureaux de poste dans les zones surdesservies, tout en maintenant les bureaux de poste ruraux, éloignés et autochtones dans les zones où ils sont nécessaires.
Le gouvernement fédéral révise également le processus d’augmentation du prix des timbres pour le rendre plus souple et plus rapide.

Lightbound affirme avoir également demandé à Postes Canada de rechercher d’autres mesures d’économie de coûts et d’alléger sa structure de gestion.
« Alors que notre gouvernement examine ses bilans afin que nous puissions dépenser moins et investir davantage, nous demandons à Postes Canada de faire de même », a déclaré le ministre dans un communiqué.
Un représentant du gouvernement a déclaré que Postes Canada dispose de 45 jours pour examiner les recommandations du gouvernement et détailler la manière dont elle procédera.
Le rapport KaplanLes changements annoncés jeudi sont conformes aux recommandations formulées par la Commission d’enquête industrielle du 15 mai 2025 dirigée par William Kaplan .
Le rapport de Kaplan a noté qu'en 2006, Postes Canada livrait 5,5 milliards de lettres par an, mais qu'en 2023, ce volume était tombé à 2,2 milliards, malgré l'augmentation de trois millions du nombre d'adresses au Canada au cours de la même période.
Le rapport indique que l'infrastructure et le personnel de Postes Canada ont été conçus pour livrer 5,5 milliards de lettres par an et que la société « ne peut pas être maintenue avec un volume inférieur à la moitié de ce volume ».

« Il y a tout lieu de croire — et aucune raison de ne pas le croire — que le déclin du courrier postal va se poursuivre et que cette tendance est irréversible : il ne s’agit pas d’une stabilisation, mais d’une extinction quasi certaine et définitive », indique le rapport.
Le Canada, a déclaré Kaplan, n'est pas un cas unique. Il a souligné que l'Union postale universelle, l'agence des Nations Unies pour le secteur postal, a indiqué que le volume annuel de lettres nationales avait chuté à l'échelle mondiale, passant de 432 milliards en 2000 à 196 milliards en 2024.
Conflit de travail en coursLes négociations en vue d'une nouvelle convention collective durent depuis plus d'un an et demi. Plus tôt ce mois-ci, le syndicat a déclaré que l'offre du gouvernement d'une augmentation salariale de 13 % était inférieure à sa demande de 19 %.
Bien que le syndicat ait déclaré qu'il était prêt à travailler avec Postes Canada pour permettre la livraison le week-end et l'ajout de travailleurs à temps partiel, il a déclaré que la société s'était retirée de la table des négociations.
Dans le but de ramener l'entreprise à la table des négociations, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a annoncé qu'il modifierait sa mesure de grève, passant du refus de faire des heures supplémentaires au refus de distribuer des dépliants.
Le syndicat affirme que les facteurs ne sont pas payés correctement pour la distribution des dépliants, ce qui, selon Simpson, est onéreux.
Postes Canada a indiqué avoir demandé au syndicat de distribuer les circulaires actuellement bloquées dans son réseau avant la reprise des négociations. L'interdiction de livraison de circulaires affecte de nombreux clients, notamment les journaux communautaires, les petites entreprises et les organismes de bienfaisance.
La semaine dernière, Postes Canada a annoncé qu’elle envoyait une nouvelle offre au syndicat afin de relancer les négociations.
La pression monte pour parvenir à un accord à l’approche de la période cruciale des fêtes.
Une grève et un lock-out ont duré plus d'un mois en novembre et décembre de l'année dernière, ne prenant fin qu'après que le ministre du Travail de l'époque, Steven MacKinnon, a déclaré l'impasse dans les négociations et a demandé au Conseil canadien des relations industrielles de renvoyer les employés au travail.
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