Le nouveau jeu d'horreur de l'acteur de « House of the Dragon » ébranle Hollywood

Abubakar Salim a de nombreuses rancœurs envers Hollywood, et il s'en exprime pleinement dans son dernier jeu vidéo. L'acteur, connu pour ses rôles d'Alyn de Hull dans La Maison du Dragon et de Père dans Raised By Wolves , partage son temps entre le cinéma et le jeu vidéo, deux industries touchées par de nombreux problèmes similaires : horaires interminables, diminution des emplois , abus de pouvoir et, plus récemment, l'essor rapide de l'intelligence artificielle et de l'IA générative.

Le deuxième jeu de Salim, Dead Take , raconte l'histoire d'Hollywood, d'ambition et d'exploitation, sous les traits d'un jeu d'horreur qui s'attaque aux problèmes de son industrie, de la corruption à l'utilisation de l'IA. « Hollywood, c'est de l'horreur pure », affirme Salim.

Dead Take s'éloigne radicalement de son premier jeu, Tales of Kenzera: Zau . Là où Zau racontait une histoire vibrante et touchante sur le deuil , Dead Take est un thriller psychologique se déroulant dans les pièces obscures d'un manoir hollywoodien. Après la disparition de son ami Vinny, l'acteur en difficulté Chase s'introduit chez le réalisateur le plus en vogue du moment, Duke Cain, à la recherche d'indices. Le jeu est un escape game sous forme d'invasion de domicile ; des énigmes pièce par pièce permettent de débloquer davantage de zones de la maison, qu'il s'agisse de fouiller les chambres et les placards ou de naviguer dans un poolhouse. Le domaine de Duke regorge d'indices sur un enfant perdu et un mariage raté, ainsi que d'indices sur les limites qu'il est prêt à franchir pour les acteurs de ses films.

Salim compare l'écriture du jeu à un exorcisme. « On entend des histoires », dit-il à propos de rumeurs d'abus et de mauvais comportements qui font la une des journaux. « C'est horrible. Créer ensuite un jeu qui explore ce sentiment de "oh, va te faire foutre" envers l'industrie et la machine. C'est vraiment dingue ce que les gens peuvent faire impunément, la toxicité qui règne au sein de l'industrie. » Dead Take permet aux joueurs de reconstituer ce genre d'histoires, comme dans la vraie vie, grâce à des e-mails, des notes et du contexte. Une actrice prise dans un scandale du type #MeToo. Un réalisateur qui monte ses acteurs les uns contre les autres, ou les pousse au-delà de leurs limites.

Au fil de leurs recherches, les joueurs trouvent des clés USB contenant des extraits vidéo des acteurs du jeu. Salim a fait le choix inhabituel de laisser ces scènes se dérouler comme des images réelles plutôt que comme des animations. Bien que l'utilisation de la vidéo en mouvement dans les jeux vidéo ait connu un regain de popularité, grâce à des titres comme Immortality, elle reste rare. Ben Starr ( Final Fantasy XVI , Clair Obscur : Expédition 33 ) et Neil Newbon ( Baldur's Gate 3 , Date Everything ) incarnent les personnages principaux du jeu, Chase et Vinny. Les deux acteurs travaillent depuis des années, mais ce n'est que récemment qu'ils ont été mis sous les projecteurs, grâce à des rôles plus importants dans des jeux populaires. « Ils sont vraiment bons et je veux le montrer, plutôt que de les mettre derrière un personnage », déclare Salim.

En tant que professionnel créatif, Salim a beaucoup de choses à redire sur l'utilisation de l'IA – et il en déteste beaucoup –, mais une crainte le hante : les images ou les vidéos « dénaturées » d'une manière que les acteurs et les artistes ne peuvent contrôler. « Je trouve cela perturbant et dégoûtant », dit-il. « Je ne souhaite surtout pas que quelqu'un crée une image horrible de moi et que ma fille tombe dessus en grandissant. Ce serait horrible. »

C'est une inquiétude légitime dans le monde actuel. L'acteur Pedro Pascal est actuellement diffamé via des vidéos générées par l'IA, qui le montrent faussement en train de tripoter d'autres actrices. En mai, des joueurs ont transformé un Dark Vador numérique, doublé par une réplique IA de James Earl Jones dans Fortnite , en un ennemi proférant des jurons et des insultes en quelques heures .

Dans le jeu, ces extraits vidéo sont essentiels pour débloquer l'histoire. Les joueurs peuvent utiliser un ordinateur dans le manoir de Duke pour monter des films, assembler des extraits et créer de nouvelles séquences. L'interview d'un acteur, par exemple, se transforme en conversation tendue lorsqu'elle est combinée à celle d'un autre. À chaque nouvel extrait, les joueurs découvrent une nouvelle vision des personnages, leur permettant de tirer de nouvelles conclusions. Chaque extrait déverrouillé déclenche une nouvelle série d'énigmes.

La machine, que Salim décrit comme « moins chère qu'un monteur, mais extrêmement chère », n'est pas si éloignée de ce qu'une suite de montage moderne alimentée par l'IA peut produire de manière réaliste. « Il s'agit de faire des économies », explique Salim. « Faire progresser l'évolution humaine, ce n'est pas ça. » L'IA est peut-être capable d'accomplir certaines tâches plus rapidement que les humains, mais elle a ses propres coûts : pertes d'emplois et impact climatique .

« C'est une menace », déclare Salim à propos de l'IA. Elle est actuellement utilisée de différentes manières dans le secteur du divertissement, que ce soit pour l'écriture, l'animation ou le montage vidéo. Pourtant, il ne croit pas qu'elle puisse un jour remplacer les acteurs. « La plus grande menace, c'est que le contenu que les gens vont consommer est tellement mauvais … L'idée qu'une génération soit élevée avec des logiciels d'IA bizarres et générés par ordinateur est terrifiante. Vous allez tous commencer à penser la même chose. »