En voyage éducatif | Prima à Paestum

Randonneurs, si vous venez en Campanie, ne manquez pas de visiter Paestum : les trois temples grecs aux imposantes colonnes doriques se dressent stoïquement sur la plaine pour l'éternité, endurant tout, y compris l'inévitable besoin de les toucher. Alors, même chez la personne la plus rationnelle, une tendance aux sensations mystiques surgira face à l'énergie qui semble émaner de la pierre antique. En Italie, les contemporains de cette disposition n'embrasseront probablement pas les arbres, mais les colonnes.

Après l'imposition des mains et les accolades, une visite au petit musée archéologique de Paestum s'impose, notamment au célèbre « Plongeur », cette pierre tombale représentant un jeune homme plongeant dans l'eau depuis une plateforme abstraite. À gauche, un arbre stylisé, avec des éléments décoratifs peu visibles dans les angles ; l'ensemble est très moderne, énigmatique et même assez comique, en tout cas, un objet unique que l'on peut contempler longuement, paisiblement, si l'on est seul dans la pièce où le plongeur est présenté au monde.

Mais soudain, une classe d'école allemande arrive, probablement de terminale. L'enseignante est vêtue de lin beige, porte un gilet tricoté de la même couleur, des lunettes à monture d'écaille noires et des cheveux teints en blanc – voilà à quoi elle ressemble.

« Nous sommes maintenant dans la salle du célèbre plongeur », dit le professeur, « et vous avez dix minutes pour bien observer tout cela. Mais d'abord, Léonie nous expliquera dans sa présentation ce qu'il y a à voir ici. S'il vous plaît, Léonie. » « Oui, exactement », commence Léonie, « c'est la pierre tombale du célèbre plongeur. Exactement. Mais nous ne savons pas ce que cela signifie. Il existe une théorie selon laquelle le plongeur représente le passage de la vie à la mort. Exactement. Mais nous l'ignorons. Il y a aussi une autre pierre tombale représentant un banquet. Oui. »

« C'est tout, Léonie ? » demande le professeur. « Super, merci pour votre superbe présentation, qui nous a permis de tout savoir. Quelqu'un a-t-il quelque chose à ajouter ? »

Un jeune homme prend la parole : « Il n’y a que des hommes au banquet. »

« Tout à fait », confirme le professeur. « Très bien observé. Il faut savoir que les Grecs anciens ne considéraient pas l'amour physique comme malsain. » Malsain. « Bien. Passons à la salle suivante. »

« Ne vous attendez pas à un traité sur les temples. »

Johann Gottfried Seume

Et ils passent à autre chose. Dans la salle suivante, au lieu suivant. Au Vésuve, peut-être, s'ils n'y sont pas déjà allés. Tim y a peut-être fait une présentation technique : « Le Vésuve est un volcan. Il entre parfois en éruption. Il a autrefois dévasté une ville appelée Pompéi. » Merci, Tim, pour cette excellente conférence. Et à Pompéi, Sofie parle à sa famille : « Oui, eh bien, nous sommes ici dans une ville appelée Pompéi. Et elle a été autrefois ensevelie par le Vésuve. C'est un volcan. » Super, Sofie, un, assieds-toi.

Et puis ils repartent en Allemagne avec une montagne de bonnes notes dans leurs bagages, se sentant d'autant plus supérieurs qu'ils connaissent le monde, et maintenant ils sont aussi en Italie. L'enseignante est épuisée et doit se remettre de son voyage d'études, retrouver ses amis et leur raconter avec enthousiasme comment elle a initié ses élèves à la culture antique.

Goethe était à Paestum et avait naturellement de quoi se plaindre longuement (« Ces masses de colonnes émoussées, coniques et serrées nous semblent ennuyeuses, voire terribles. Mais je me suis vite ressaisi, je me suis souvenu de l'histoire de l'art et j'ai pensé à l'époque dont l'esprit trouvait une telle construction appropriée. »). Seume était à Paestum et n'était pas particulièrement inspiré non plus (« Ne vous attendez pas à un traité sur les temples. »). Et maintenant, Léonie aussi, qui s'est bien intégrée à la lignée (« Exactement. »). Et les temples grecs sont là, et rien ne leur échappe à cause de leurs colonnes doriques. Ils n'ont pas d'autre choix.