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État comateux

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La Foire d'Avril mériterait un jour de présenter une corrida sérieuse, bien élevée, combative et exigeante, au lieu de ces petites bêtes soigneusement sélectionnées, biberonnées, faibles et sans scrupules, au cœur aussi bon que pitoyable.

Les performances de Garcigrande d'aujourd'hui n'étaient pas très différentes de celles des autres après-midi : pitoyables, estropiés, épuisés, sans vie, comateux... Matière inutile à émotion.

La corrida était donc un vol ; mais pas du portefeuille, ce qui est également important. C'était un vol que les toreros ont dû commettre pour attirer les muletazos qui, avec beaucoup d'efforts, ont animé l'après-midi au-delà des attentes.

Morante, par exemple, a terminé la foire comme il l'avait commencée, avec une disposition surprenante et une ambition sans bornes, qui lui ont permis de libérer des flambées d'art dans son domaine peu distingué.

Quatre véroniques très lentes ont ouvert la séance avec le premier taureau, un estropié rempli de gentillesse. Il a continué avec un pas tranquille par devantales et un long pas par haut pour laisser l'animal en chance. Ferreira et Amores excellaient avec les banderilles et Curro Javier avec la cape, et lorsque Morante prit la muleta, son adversaire criait déjà à la mort. Mais le torero n’avait pas prévu que la mort survienne si soudainement. Collé aux planches, la tromperie récupérée, il commença par une passe haute et un moulin à vent ; Pour éviter le vent gênant à ce moment-là, il est allé au milieu, et là, il a pratiquement volé quatre longueurs naturelles à un taureau coulé. Toute sa performance, par à-coups, comme le taureau le dictait, était une pluie constante de belles respirations. La même chose s'est produite devant le quatrième, dans un état identique à celui de son frère. Le début du dernier tiers fut spectaculaire : des statues, un moulin à vent inversé, jusqu'à cinq passes signatures et une desplante firent dresser les cheveux du public, et la musique joua avec enthousiasme. Il était évident, cependant, que le taureau ne pouvait pas faire face à son âme, ce qui n'était pas un obstacle à l'engagement d'un torero prêt à tout, et ainsi trois passes naturelles longues, profondes et belles apparurent, et deux autres passes à droite avec les deux pieds joints, une symphonie de bon goût, interrompue par le handicap de l'animal.

Mais il restait l’œuvre d’un artiste ; sans taureaux, oui, mais débordant d'inspiration. Une passe de Verónica au sixième round a été la touche finale d'une foire mémorable pour le torero.

Un autre voleur était le professeur Luque, qui a exposé une œuvre d'ingénierie taurine lors de sa première exposition. C'était une merveille de technique, de confiance débordante et de suffisance écrasante. Le manque de force de ses taureaux ne l'empêche pas d'offrir une autre leçon de tauromachie, de maîtrise, de placement et de bon goût. Le président lui a injustement refusé une oreille lors du premier, et la lui a accordée lors du cinquième pour une performance moindre, bien qu'avec le même dévouement et les mêmes connaissances. Il quitte la foire comme la grande figure qu'il est grâce à ses propres mérites.

Et Tomás Rufo a coupé une autre oreille à sa performance dans son ensemble, honorable, dévouée, bien exécutée, mais manquant d'ajustement, froide, incapable de capter l'attention du généreux public de la Maestranza devant le meilleur lot. Il a commencé avec une série de belles véroniques, gagnant du terrain des planches jusqu'à l'embouchure de l'eau dans le troisième. Après une superbe paire de Fernando Sánchez, il s'est mis à genoux pour placer cinq coups de la droite. Il a profité de l'amélioration de l'état du taureau avec des passes propres qui n'ont pas réussi à provoquer une quelconque attaque. Et il se retrouva face au taureau le plus casté de l'après-midi, le sixième, qui se montra performant aux lances et arriva avec mobilité au dernier tiers ; Encore une fois, de la tauromachie mécanique, détachée, facile, sans émotion. Il n’a pas su donner de l’importance à son travail. L'oreille, décernée alors que le taureau était déjà en train d'être traîné, ne valait pas grand-chose.

Comme je l'ai dit, cette Foire d'avril mérite d'avoir une corrida un jour, et non le gaspillage de bonté qu'elle a subi depuis le premier jour.

Taureaux Garcigrande, de belle présentation, dociles, sans caste, sans colonne vertébrale et très nobles. Le sixième était à cheval et se déplaçait sur la muleta.

Morante de la Puebla : crevaison profonde et un descabello (ovation) ; piquer et poignarder -avertissement- (applaudissements).

Daniel Luque : coup arrière (super demande et retour sur le ring) ; poussée à travers l'oreille.

Tomás Rufo : coup de poignard (ovation) ; poussée descendante (oreille).

Place de la Maestranza. 9 mai. Quatorzième corrida de la Foire d'Avril. Plein de « pas de ticket ».

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